Quinze ans après Refus de Témoigner, Ruth Klüger donne à lire ici le récit de sa vie, celle d’une petite Viennoise juive déportée à onze ans, échappée d’Auschwitz, avec sa mère, à seize ans, exilée aux États-Unis par nécessité, où elle est devenue adulte. Cette femme s’installe dans un pays neuf, et se confronte au « quotidien » complexe et ambigu des années 1950.
Ruth Klüger appartient à cette génération des femmes qui ont dû se battre pour l’« égalité » dans tous les domaines : mariage, maternité, vie professionnelle… Elle analyse les relations qu’elle entretient avec les personnes (parents, amis, collègues), avec les lieux (les villes où elle a habité aux États-Unis), ses séjours dans diverses villes d’Allemagne, ses retours à Vienne, sa ville natale, lieu de tous les malaises.
Le fil rouge est la discrimination constante, ressentie sans jamais parvenir à déterminer si elle la concerne en tant que « Femme » ou en tant que « Juive ». Ruth Klüger analyse, débat avec elle-même et avec les autres ; que garde-t-on, que refoule-t-on de ce que l’on a vécu ? Quels sont les mécanismes si complexes de la mémoire individuelle et de l’attitude collective envers les horreurs du passé et leurs victimes, leurs auteurs et leurs témoins ?
Compte-rendu et accusation - énoncés avec un humour « klügerien » - se recoupent sans délimitation. Ce qui de prime abord peut faire l’effet d’une susceptibilité excessive au moindre manquement impressionne l’instant d’après par une lumineuse exigence d’équité. Et tout le récit submerge le lecteur par cette sincérité d’une intelligence souveraine, aux antipodes de toute paranoïa, qui est le cadeau qu’offre la générosité exceptionnelle d’une femme exceptionnelle.
(Dans le livre, les poèmes sont traduits de l’allemand par Jean-Léon Muller).
Perdu en chemin
Ruth KLÜGER
Quinze ans après Refus de Témoigner, Ruth Klüger donne à lire ici le récit de sa vie, celle d’une petite Viennoise juive déportée à onze ans, échappée d’Auschwitz, avec sa mère, à seize ans, exilée aux États-Unis par nécessité, où elle est devenue adulte. Cette femme s’installe dans un pays neuf, et se confronte au « quotidien » complexe et ambigu des années 1950.
Ruth Klüger appartient à cette génération des femmes qui ont dû se battre pour l’« égalité » dans tous les domaines : mariage, maternité, vie professionnelle… Elle analyse les relations qu’elle entretient avec les personnes (parents, amis, collègues), avec les lieux (les villes où elle a habité aux États-Unis), ses séjours dans diverses villes d’Allemagne, ses retours à Vienne, sa ville natale, lieu de tous les malaises.
Le fil rouge est la discrimination constante, ressentie sans jamais parvenir à déterminer si elle la concerne en tant que « Femme » ou en tant que « Juive ». Ruth Klüger analyse, débat avec elle-même et avec les autres ; que garde-t-on, que refoule-t-on de ce que l’on a vécu ? Quels sont les mécanismes si complexes de la mémoire individuelle et de l’attitude collective envers les horreurs du passé et leurs victimes, leurs auteurs et leurs témoins ?
Compte-rendu et accusation - énoncés avec un humour « klügerien » - se recoupent sans délimitation. Ce qui de prime abord peut faire l’effet d’une susceptibilité excessive au moindre manquement impressionne l’instant d’après par une lumineuse exigence d’équité. Et tout le récit submerge le lecteur par cette sincérité d’une intelligence souveraine, aux antipodes de toute paranoïa, qui est le cadeau qu’offre la générosité exceptionnelle d’une femme exceptionnelle.
(Dans le livre, les poèmes sont traduits de l’allemand par Jean-Léon Muller).