« Au cours de ces vacances, ils souffrirent ensemble, mûrirent ensemble. Ils pleurèrent beaucoup sur eux-mêmes à Delphes et à Olympie. Ils firent aussi ce qu’on fait en Grèce, c’est-à-dire boire du Retsina, nager dans les criques, adopter un chaton sur l’Acropole, rire et faire l’amour (à l’insatisfaction générale). Quand ils revinrent à Paris, Patrick embrassa une existence homosexuelle dont il ne lui cacha pas grand-chose. Elle écoutait bouche bée, ne comprenait rien, lui pardonnait tout. Ils étaient liés par leur échec au-delà de ce qu’ils pouvaient croire. Ayant renoncé l’un à l’autre avec force sanglots, ils n’envisageaient pas de se passer l’un de l’autre. Croyant qu’ils ne s’aimaient plus, ils s’adoraient et se consacraient le meilleur d’eux-mêmes. Est-ce qu’ils y gagnèrent ? Est-ce qu’ils y perdirent ? Qui peut le dire ? Avant qu’elle ne retombe amoureuse de quelqu’un, il allait s’écouler dix ans. Et ce quelqu’un, ce serait moi,ecce homo. »
Préfère l’impair
Claude HABIB
« Au cours de ces vacances, ils souffrirent ensemble, mûrirent ensemble. Ils pleurèrent beaucoup sur eux-mêmes à Delphes et à Olympie. Ils firent aussi ce qu’on fait en Grèce, c’est-à-dire boire du Retsina, nager dans les criques, adopter un chaton sur l’Acropole, rire et faire l’amour (à l’insatisfaction générale). Quand ils revinrent à Paris, Patrick embrassa une existence homosexuelle dont il ne lui cacha pas grand-chose. Elle écoutait bouche bée, ne comprenait rien, lui pardonnait tout. Ils étaient liés par leur échec au-delà de ce qu’ils pouvaient croire. Ayant renoncé l’un à l’autre avec force sanglots, ils n’envisageaient pas de se passer l’un de l’autre. Croyant qu’ils ne s’aimaient plus, ils s’adoraient et se consacraient le meilleur d’eux-mêmes. Est-ce qu’ils y gagnèrent ? Est-ce qu’ils y perdirent ? Qui peut le dire ? Avant qu’elle ne retombe amoureuse de quelqu’un, il allait s’écouler dix ans. Et ce quelqu’un, ce serait moi, ecce homo. »
Ce roman, paru pour la première fois en 1996, est d’une incroyable modernité. Il aborde de front les questions qui agitent notre société : les évolutions de la famille traditionnelle, la place du père ou du géniteur au sein de celle-ci et le désir d’enfanter coûte que coûte ressenti par certaines femmes.
Le lecteur, devenu voyeur sans compassion, se met à l’affût des rapports triangulaires qu’entretiennent les antihéros de cette histoire.
Égoïsme, tendresse fugace, lucidité vite transgressée, indifférence, désespoir parfois. Le roman d’une époque où intérêt et rentabilité ont phagocyté les âmes. Un soufflet magistral.