Au même moment, Sara Méndez, une institutrice uruguayenne, révoltée par la pauvreté et l’injustice, s’engage en politique. Militante active, elle n’échappera pas à cette chasse sans merci. Elle fuit son pays natal et gagne l’Argentine, comme d’autres partisans, et notamment le père de son futur enfant, Mauricio Gatti, grand leader du mouvement d’opposition. De là, leur combat continue, et Simón voit le jour à la fin juin 1976. Trois semaines après sa naissance, alors que Mauricio participe à une soirée clandestine du groupuscule, Sara est arrêtée, et son fils lui est enlevé. En effet, la pratique était très courante, ces enfants étaient ensuite confiés à des familles de militaires ou de policiers qui les adoptaient…
Commencent plusieurs années de cauchemars pour Sara : d’abord torturée en Argentine, elle est ensuite ramenée en Uruguay où elle est interrogée puis emprisonnée. En 1981, sous la pression internationale, elle est finalement libérée, avec une seule idée en tête : retrouver son fils. Elle y consacrera toute son énergie et sa liberté fraîchement acquise : il lui faudra alerter l’opinion, mobiliser les politiciens, rechercher les tortionnaires impunis. Un travail à temps plein pendant près de 20 ans, allant d’espoir en déception.
C’est l’histoire incroyable et véridique de Sara Méndez que Erich Hackl nous restitue dans ce récit fort et émouvant. Sara et Simón c’est le combat d’une vie pour la justice, c’est le courage sans limite d’une militante politique mais aussi d’une mère. Ce roman est très emblématique de beaucoup d’autres destins similaires. Aujourd’hui, la lutte de cette génération d’opposants pour perpétuer la mémoire de ces années noires et obtenir le jugement des tortionnaires se poursuit.