Dans ce même temps, les Magyars ont vécu une tragédie : le Künde Kurszán a été attiré dans un piège, puis assassiné ainsi que son fils ; depuis cet événement les Magyars ne connaissent plus d’instance spirituelle, et errent tels des enfants désemparés.
Confronté à l’extension de l’Empire germanique, le pape choisit un émissaire en la personne de Stephanus de Pannonie, un moine bénédictin de l’abbaye de Saint-Gall, et le charge de rejoindre les terres barbares pour remettre au prince un message, en fait une proposition d’alliance entre l’Église romaine et les Magyars afin de contrer le pouvoir de l’empereur Othon.
À peine arrivé à la frontière du monde chrétien, Stephanus est fait prisonnier ; sans la moindre explication, il est renvoyé et balloté d’une tribu à une autre, sans qu’on lui donne la possibilité de rencontrer le prince et de remplir son office.
Le mystère s’épaissit de jour en jour, de mois en mois, tandis que Stephanus découvre les tribus qui l’hébergent et le traitent avec le plus grand respect. En effet, tous ses interlocuteurs ont reconnu le médaillon que porte le bénédictin et que son abbé lui a remis en guise de protection avant qu’il entreprenne son voyage : il s’agit de l’oiseau Togrul, l’insigne du Künde.
D’ailleurs, les surprises et les coïncidences se multiplient : alors qu’il n’est jamais monté sur un cheval, Stephanus se tient parfaitement en selle au cours de chevauchées interminables, certains mots de la langue « barbare » s’échappent de sa bouche comme malgré lui… Ses propres comportements, qu’il ne comprend pas, le poussent à s’interroger sur son passé. Le monastère l’a recueilli alors qu’il était encore un enfant…
Serait-il possible qu’il soit véritablement le descendant du Künde ?
Au gré des batailles, des trahisons, des étonnements d’un moine qui perd progressivement sa naïveté, avec ses chroniques et ses récits enchâssés les uns dans les autres, Le Prince et le Moine plonge au cœur du mythe fondateur de la Hongrie, de ses rites chamaniques et de ses légendes.