« Après la mort de la mère – elle aurait été assassinée –, personne ne fit plus la cuisine ; les frères partirent, et Alrik resta seul avec son père qui n’ouvrait plus la bouche. C’est à cette époque qu’il avait appris à jouer sans jouets, sans camarades, et sans connaître les jeux. La mer, l’air gris et l’eau grise, l’air bleu et l’eau bleue, les harles et les macreuses durent satisfaire son besoin de découvrir et de combiner ; quand cela devint insuffisant, son œil puisa dans ses propres ressources pour combler ce manque ; son oreille avide, qui ne connaissait que le rugissement ou le murmure du vent, le clapotis ou le grondement des vagues, se nourrit de sa propre substance, et, exacerbée par cette autarcie, finit par distinguer des sons là où il n’y en avait pas, entendre la circulation du sang, la tension des nerfs, le déchirement des tissus, puis les sons enfin, qui, au fil des mois, se rassemblaient, s’ordonnaient, s’unissaient pour en engendrer d’autres. »
Alrik Lundstedt est ce jeune homme pauvre monté à Stockholm pour apprendre la musique. Prodigieusement doué, il passe les épreuves, tout augure d’un bel avenir… Mais la « folle du logis » l’entraîne sans cesse hors du chemin… Rêve et réalité se mêlent inextricablement…
Le Sacristain romantique était resté inédit en français, comme Le Bouc émissaire publié en 1997 aux Éditions Viviane Hamy.