Le Serviteur
Yves MUGNY
« – Redresse bon Dieu, redresse !
Il exécute et nous grimpons au galop une légère pente boueuse. Peut-être y aura-t-il un refuge au-delà, une ville un château-fort un mur un arbre, enfin quelque chose ! Les chevaux peinent les roues s’enfoncent les essieux grincent, claque le fouet ! On en sort on en sort. Bientôt le sommet, ce sommet ridicule de ce coteau minable. Quelle chance de salut peut-on en attendre, alors que les cavaliers sont déjà gros comme des poings ? Des poings qui s’ouvrent à vue d’œil. Ça y est ! la terre se redresse sous le coche… mais !… En face de nous, arrivent par centaines d’autres chevaux d’autres bonshommes, déjà gros comme des bras et qui ne nous aimeraient pas.
– Redresse sacremerde, redresse !!! »